christine viennet
(née en 1947)
Biographie
Ivre de nature et de céramique, Christine Viennet crée des sculptures en grès émaillé, créatures marines et visages humains aux liens intimes avec l’eau. Elle est fascinée par les océans et ses abysses depuis 2009. Son bestiaire est peuplé d’octopodes aux tentacules fantasques, d’algues ondulantes et de crustacés aux couleurs exubérantes. Elle explique : « J’aime faire naître la vie en argile entre animalité et plante. La terre a une histoire complexe, si riche et lointaine. Elle ne livre pas facilement ses secrets. Le feu qui la transforme est exigeant, parfois miraculeux. Tout céramiste s’expose à cette leçon d’humilité, à ce rêve et à cette passion qui l’aident à progresser. »
« Je suis née en 1947, à la campagne, au sud d’Oslo (Norvège), imprégnée et marquée par la nature qui m’entourait : les sous-bois, la fonte des neiges qui fait murmurer les sources en fredonnant la vie, cette agitation frémissante et excitante du réveil de toute la nature au printemps, après de longs hivers silencieux.
Petite, je commence par modeler de la neige. C’est une passion !
Je quitte brutalement mon pays natal à l’âge de 11 ans pour y retourner de 1968 à 1970, où deux grands céramistes norvégiens, Bente von Krogh (Oslo) et Rolf Hansen (Kongsberg), m’accueillent dans leurs ateliers – c’est ma formation de base. En 1970, je travaille avec le père Paoli à l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa, dans les Pyrénées Orientales, puis aux ateliers de Lurçat et Picard Le Doux à San Viçens (Perpignan). En 1971, à Paris, des amis me prêtent une petite chambre au 5e étage, où je travaille avec acharnement, transportant mes pièces à l’arrière d’un vieux vélo solex, pour les cuire à l’autre bout de la ville ; une exposition en sera le fruit à la galerie Christian de Bertier, avec celui qui deviendra cette année-là, mon mari, Jean Viennet, peintre et vigneron.
Je donne des cours de tournage et de modelage à l’Académie Grandes Terres, près de la Bastille à Paris.
En 1973, j’ai mon premier véritable atelier, à Sérignan, en Languedoc, où Jean s’occupe d’un vignoble familial, tout en continuant à peindre et exposer. Cet atelier, situé dans d’énormes greniers, ainsi que la cave viticole de la famille, est aujourd’hui le premier musée d’art contemporain de la région, créé par André Gélis, maire de Sérignan en 1991, et nommé «Gustave Fayet», d’après l’arrière-grand-père de mon mari, peintre, céramiste et collectionneur de son temps, qui a restauré l’abbaye de Fontfroide. En 1981 un nouvel atelier s’organise dans les écuries du château de Raissac, près de Béziers, que nous venons d’intégrer. S’ensuivent trente années de travail intense, de restaurations, de créations. Entre 1977 et 2000, je poursuis ma période «trompe-l’œil», commencée à Sérignan, qui a été la plus longue, la plus productive et variée. L’idée d’utiliser les assiettes anciennes du XIXe siècle, peu chères et abondantes sur tout marché du moment, me fait parcourir assidûment les brocantes, tous les samedis, emmenant ce que mes bras peuvent porter. Je me sers de ces assiettes comme bases pour mes trompe-l’œil pendant plus de 15 ans. Ces assiettes disparaissant des marchés et devenant chères, je décide alors de les mettre de côté, pour garder une mémoire de cette belle et exubérante production du XIXe siècle : les anciennes écuries de Raissac deviennent un musée (1990). Une autre collection, qui voyage aujourd’hui dans les musées nationaux, en est le joyau : les suiveurs de Palissy du XVIe au XXIe siècle.
La découverte de Bernard Palissy et de ses «rustiques figulines» si foisonnantes, ludiques et vivantes, a été une source magique d’inspiration que je n’ai pas cherché à imiter, mais qui a été dans une telle symbiose avec mon lien personnel à la nature, qu’elle s’est inscrite comme une destinée. Elle est une forme d’expression essentielle dans l’art de ma céramique, issue du besoin charnel de réinventer la nature pour créer d’autres rêves, d’autres histoires, pour avancer! Cela fait plus de vingt ans que chaque grenouille, chaque serpent, papillon ou lézard modelés en mon atelier me font penser à cet homme brûlant d’un feu ardent pour tout ce qu’il entreprenait (2000-2004, conférences, dont au National Council on Education for the Ceramic Arts, Indianapolis, USA, sur Bernard Palissy et ses suiveurs). Je mène de front mes créations et mes collections, qui reçoivent de nombreux visiteurs. Mes œuvres ont été acquises par des musées et des collectionneurs internationaux. Les mutations et les créatures marines font partie de mon univers actuel (2009-2010).
Toutes mes actions créatives s’inscrivent dans une spirale transcendante qui m’aide à avancer, me procurant le bonheur et le chemin auquel nous aspirons, que je ne pourrais imaginer autrement. »
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