christophe ronel & bénédicte vallet
« par tous les bouts du monde »
DU 22 MAI AU 4 JUILLET 2021
Un petit coup d'oeil?
Bénédicte
VALLET
Interrogeant la matière, les créations de Bénédicte Vallet paraissent venir d’un autre temps : celui qui a vu naître les premiers soubresauts de la vie. Pareille à un Chartreux isolé à la recherche de spiritualité, elle suit une quête sur les origines de l’homme en correspondance avec la nature.
Entre le minéral et l’aquatique, l’osseux et le corail, placés aux confins de la vie, entre les espèces et les éléments, ces recherches sculpturales sont protéiformes. Celles-ci font appel à une mémoire primitive et enfouie, commune aux être vivants. Selon les angles de vue, tantôt des évocations animales, tantôt du végétal se distinguent dans ces céramiques aux nombreuses facettes, pour lesquelles des matériaux d’aujourd’hui, tels que le chanvre ou la porcelaine, ont été mélés.
Texte-fragment Margot Réault Bouron
christophe
ronel
Les temps des confinements et du repli me sont apparus comme des étapes propices au travail de peinture, j’évoque le mot travail en pensant à cette chose étrange qui opère à notre insu lorsque l’on choisit de laisser macérer l’imaginaire dans le bain des souvenirs et de laisser dériver les images emmagasinées. Ainsi, l’esprit agit de sorte que peindre, dessiner ou les deux à la fois consiste à extraire ce qui résulte de cette macération et à en extraire le suc.
La construction du voyage imaginaire plonge ses racines dans le terreau des souvenirs, dans les antichambres d’un rêve éveillé. Des fulgurances surgissent, des visions adviennent venues d’on ne sait quel temps, colportées peut-être par des anges, djinns, yokaïs ou fantômes.
Certains lieux sont ainsi entrés dans mes sujets au point de façonner mes univers personnels : Patios coloniaux des villes cubaines, intérieurs baroques, cités lagunaires d’Afrique ou d’Asie, villes tentaculaires, cités labyrinthes, rhinocéros portant le monde, pachydermes, hippopotames, bancs de poissons entrainant des barques chargées dans un périple fou.
De quels pays prétendent venir ces joyeux capharnaüms ?
Chaque tableau est un pays en lui même, un pays où tout est à la fois observé et modifié, transformé, c’est une scène de comédie parfois, un petit théâtre de choses pour lequel l’ordre rationnel n’est jamais verrouillé, où le sens est laissé en suspend pour mieux permettre de se laisser couler dans les méandres de la peinture.
La sensation que provoque l’acte de peindre me procure l’illusion d’un curieux don d’ubiquité.
Que signifie le fait d’être confiné dans son atelier lorsque les murs s’évaporent dès que les formes et les couleurs arrivent et dès que le sujet émerge du néant comme une révélation ?
La fenêtre du tableau est salvatrice, je l’ai souvent constaté, elle offre des échappées sans cesse renouvelées. En ces temps de repli, peindre « mes bouts du monde » ne m’est jamais autant apparu nécessaire, comme la quête d’une géographie personnelle et la poursuite d’horizons intérieurs qui s’étendent de la porte de mon atelier à l’infini des terres que les rêves savent arpenter.
Christophe RONEL
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